LES JARDINS PARTAGÉS D'AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

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[REPORTAGE] Les mares des jardins partagés - épisode 3 : Champverdoyant et Moulin Vert

Du 24 mars au 31 décembre

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REPORTAGE – Les mares des jardins partagés, 4 ans après, que sont-elles devenues ?

En 2021, animées par une volonté commune de favoriser la biodiversité en ville, les associations Le Passe-Jardins et Des Espèces Parmi’Lyon ont développé le projet « Jardin Partagé, Source de Vie ». Le but : installer dans les jardins partagés des mares, des haies champêtres et de carrés de biodiversité, tout en sensibilisant les jardiniers et jardinières ainsi que le voisinage à la biodiversité.

Ce reportage a pour cible les 6 mares implantées entre 2021 et 2023, avec comme objectif d’observer leur évolution et leur impact sur la vie du jardin. La recherche, conduite entre décembre 2024 et mars 2025, est constituée d’entretiens avec les jardiniers et jardinières, et d’inventaires et analyses faune et flore réalisés de manière amateure et qualitative. Les résultats vous seront présentés de manière antéchronologique : de la mare installée la plus récemment, à la plus ancienne.

Ce projet de reportage a été conduit par curiosité et aussi pure passion et intérêt de rendre à la nature les espaces que nous nous sommes appropriés au fil du temps… C’est surtout l’occasion de vous présenter les ressentis de vos confrères jardiniers et consœurs jardinières, si vous hésitez à passer le pas !

Les mares sont une source de biodiversité en ville non négligeable, puisqu’elles apportent aux espèces un espace naturel indispensable à la survie de la faune (abris, nourriture, lieu de reproduction…). C’est pour cela qu’il est impératif de suivre l’évolution de ces mares déjà implantées dans le décor, afin de conserver leur importance pour la biodiversité urbaine et espérer en voir apparaître d’autres !

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LA MARE DU JARDIN CHAMPVERDOYANT

I. Présentation du jardin

Au jardin Champverdoyant, nous rencontrons les jardiniers dont Michelle et Michel Thé, coordinateurs bénévoles du jardin. Celui-ci se situe au 164 avenue Barthélémy Buyer, plus précisément en face du supermarché Auchan, place du marché de Champvert, d’où il tire son nom. Le jardin a été créé en 2016 par le Passe-Jardins, l’association « Champverdoyant » ayant été constituée en 2018. Avant 2016, un projet de jardin partagé était porté par le centre social où des bacs potagers avaient été installés. Devant le succès de l’initiative, une demande a été faite à la Ville conduisant à l’attribution d’un terrain avec le soutien de la mairie du 9ème arrondissement.

Michelle souligne que le point fort du jardin est son intégration dans un parc. Quatre parties cultivées sont fermées mais les allées restent passantes, ce qui permet aux gens de se balader car il s’agit d’un espace public (des personnes viennent pique-niquer par exemple).

II. Présentation de la mare

La mare a été inaugurée en 2021 suite à un chantier participatif réalisé par le Passe-Jardins et Des Espèces Parmi Lyon. Une bâche et un géotextile ont été posés et différentes espèces ont été plantées. Michelle est contente du soutien des deux associations “parce que peut-être que nous seuls, on n’y serait pas arrivé.”, nous avoue t-elle.

Le projet existait déjà au tout début de la création du jardin, mais cela leur a été déconseillé par la ville de Lyon sous prétexte :

qu"il n’y avait ni source ni eau de ruissellement, donc la mare sera toujours à sec,
que la voie verte à proximité possédait quelques mares non naturelles dont l’écosystème pourrait être perturbé par la leur,
et enfin que ça amènerait des moustiques.

Au contraire, la mare est un écosystème provisoire dans la nature, son assèchement est normal et surtout il est intéressant d’en avoir plusieurs à proximité pour créer une trame bleue urbaine. Pour ce qui est des moustiques, Michelle conclut par : “Il y a quand même l’idée que la création de la mare, ça amène des moustiques. C’est assez drôle quand même, et on a presque démontré le contraire : sans la mare il y avait des moustiques.”

Concernant l’entretien, les jardiniers surveillent la mare régulièrement. Quand un doute survient, par exemple sur l’envahissement anormal des massettes, ils demandent conseil au Passe-Jardins qui se déplace pour constater le problème et proposer des solutions. Ils font également attention à ce que la bâche soit bien recouverte (ajout de plantes, par exemple, et d’eau également si celle-ci s’évapore trop pendant l’été). Ils la nettoient mais sans plus en laissant les choses se faire la plupart du temps.

III. La biodiversité de la mare

Quand la mare a été créée, des pots avec des massettes et d’autres espèces ont été implantés. Et apparemment, il y a eu prolifération de mousse mais également d’iris d’eau. Quelques insectes et arachnides ont également été observés (araignées d’eau, 5 espèces de libellules différentes).

Découvrez l’inventaire en PDF ci-dessous !

Lors de notre inventaire floristique et faunistique, nous avons trouvé 11 espèces floristiques différentes et 6 espèces faunistiques malgré le temps lors de notre investigation, ce qui montre donc que la mare possède de bonnes qualités chimiques pour accueillir autant de faune, dont des larves de libellules qui ne demandent qu’à s’envoler au printemps !

IV. La mare au sein du jardin

Depuis l’implantation de la mare, celle-ci s’est bien garnie en végétation. Elle attire le regard et la curiosité. Elle est belle et donne de l’esthétique au jardin. La mare est visitée, non pas qu’il y ait des visite spécifiques mais le passage à la mare est obligé ! De plus, elle a une fonction pédagogique puisqu’il y a une crèche juste à côté. A partir du mois de mai et jusqu’en septembre, des enfants de la crèche viennent tous les quinze jours voir le jardin et la mare.

Les résidents et les passants aiment venir la voir de plus près ou passent devant et s’arrêtent. Souvent, les jardiniers les connaissent et trouvent que “ ça crée une dynamique entre les gens qui sont adhérents au jardin”.

Et, d’un point de vue subjectif, les jardiniers et jardinières sont assez fiers de leur jardin, leur production de légumes et leur belle mare !

LA MARE DU JARDIN LE MOULIN VERT

I. Présentation du jardin

Cécile est une adhérente du jardin Le Moulin Vert. Elle s’occupe de la communication avec le Passe-Jardins, les centres sociaux et les écoles. Le Moulin Vert est un jardin partagé associatif qui regroupe une quinzaine d’adhérents dont six très actifs. Ce jardin, créé en 2017 par le Passe-Jardins, est situé au 41 rue Vaillant Couturier (en face du terrain de tennis et à côté du parc à chien) à Vénissieux. Le terrain appartient à la ville.

II. Présentation de la mare

Suite à la participation des jardiniers à des actions de sciences participatives organisées par le Passe-Jardins, il leur a été proposé d’aménager une mare dans le cadre du projet « Jardin Partagé, Source de Vie ». Au début, les jardiniers étaient perplexes. Ils n’avaient pas de connaissances de base sur les mares, se demandaient à quoi elle servirait, voire n’en voyaient pas l’intérêt. Ils pensaient notamment qu’ils allaient avoir plus de moustiques. Mais ils ont pourtant décidé d’accepter.
Cécile se souviendra toujours de ce 11 décembre 2021 où elle a vu une trentaine de personnes arriver dans ce petit jardin, avec leurs outils et leur détermination. Le chantier s’est déroulé dans un esprit de solidarité.

Cécile souligne que Matthieu, de Des Espèces Parmi Lyon, continue à les conseiller et les guider lorsqu’ils ont des questions. Un été, l’eau s’était quasiment évaporée et les adhérents du jardin se sont inquiétés. Matthieu leur a conseillé de toujours garder un peu d’eau dans le trou le plus profond de la mare, puis « ça va se refaire tout seul ». Effectivement, Cécile a constaté qu’il est inutile de remplir systématiquement la mare à ras bord, pour économiser l’eau d’abord, mais également pour « garder un équilibre ; juste un petit fond d’eau dans le trou pour garder un peu de vie au fond de la mare ». Finalement, ils ne l’ont pas trop entretenue, enlevant seulement les lentilles d’eau en excès ou coupant quelques massettes devenues trop envahissantes. Les racines qui ont été enlevées ont d’abord été posées au bord de la mare pour laisser les insectes revenir dans l’eau, puis elles ont été mises au pied des arbres où elles sont un bon engrais.

III. La biodiversité de la mare

La mare du Moulin Vert abrite en son sein diverses espèces que les adhérents du jardin ont pu reconnaître. Certains espèces, comme les massettes et les salicaires, ont été plantées lors du chantier, mais plus tard une grande diversité d’espèces est arrivée spontanément.

Niveau faune, des libellules, des gerris et des oiseaux ont souvent été vus autour de la mare. Les jardiniers se demandent également à quel point la mare attire les chats, car trois chats sauvages rodent actuellement dans leur jardin.

Petite anecdote : un jour, des poissons rouges se sont retrouvés dans la mare. Nul ne savait d’où ils venaient. Ils y sont restés environ six mois car personne n’arrivait à les enlever. Les adhérents sont sensibilisés à la présence néfaste des poissons dans une mare artificielle et ont bien remarqué les changements qu’ils y provoquaient pendant leur présence, et au-delà du jardin également ; c’est ainsi qu’un voisin est venu en se plaignant qu’il trouvait qu’il y avait plus de moustiques que d’habitude. Les poissons mangent tout, dont les larves de libellules qui auraient normalement dû empêcher la prolifération des moustiques : « Il n’y avait plus de libellules, il y avait plus d’insectes. Tout avait disparu. ». Maintenant que les poissons ont été enlevés, tout le monde attend impatiemment le printemps prochain pour profiter de la mare et retrouver tous les insectes.

Lors de notre inventaire, nous avons trouvé 11 espèces floristiques et seulement 3 espèces faunistiques différentes ; nous n’avons pas trouvé de larves de libellules mais beaucoup de mollusques !

Matthieu pense que la mare est plutôt bien équilibrée. Les membres du jardin voient qu’il y a des plantes qui repoussent. Ils essayent « de respecter que ça se fasse tout seul. On a bien compris qu’il fallait être patients, laisser les choses se faire et ne pas vouloir forcer la nature. »

L’inventaire en PDF ci-dessous !

IV. La mare au sein du jardin

Cécile trouve que la mare est un super outil pédagogique pour les enfants ; elle est une attraction que les gens viennent voir naturellement. Elle aimerait accueillir des groupes pour les sensibiliser sur cette question en particulier, mais ce n’est pas encore possible pour l’instant. Elle se sert de la mare pour informer les personnes du jardin et créer du lien : « une mare ça sert aussi à informer les gens. Et c’est aussi de partager ça avec le quartier, les gens du quartier, faire du réseau. Et oui, elle crée du lien. »

C’est une source de fraîcheur et de bien-être. « Ça fait un espace de biodiversité à côté des maisons, un lieu de nature sympa ! »

À VOUS DE JOUER ! VENEZ CREUSER !

NOUVEAU ! Le Passe-Jardins vous proposera à l’automne-hiver 2025 une formation « installer une mare dans son jardin partagé », et une seconde « entretenir sa mare ». Consultez l’ensemble de l’agenda biodiversité en cliquant ici !