Mardi 27 avril, nous avons assisté à la table ronde organisée en ligne par Terre Vivante sur le thème de l’adaptation du jardin (potager, verger) aux changements climatiques, et c’était passionnant ! Voici les grandes lignes et conseils que nous avons retenus...
1) Changements climatiques : observations et conséquences :
On l’a vu cette année, le réchauffement global n’empêche pas les températures basses et les gelées tardives. En effet, la météo et le climat sont liés, mais ce n’est pas la même chose ! Un réchauffement global n’empêche pas les coups de froid. Le problème est plutôt qu’il fait chaud plus tôt, la végétation sort plus vite et devient donc très vulnérable aux gelées. En moyenne, le printemps a avancé de 20 jours en 40 ans (observation de la floraison des lilas).
Nous avons donc des printemps précoces, des hivers moins froids, des automnes trop secs, mais aussi des étés marqués par la canicule et le manque d’eau.
2) Quelques solutions pour s’adapter et nouveaux axes d’expérimentation :
Comment lutter contre le gel ?
• Installer des voiles de forçage
• Butter les légumes
• Utiliser des serres sous châssis
• Éviter le paillage et le binage au pied des plantes au printemps, cela accentue leur vulnérabilité au gel
Faire face au manque d’eau :
• Bien pailler, évidemment. Les experts recommandent une bonne couche de 20cm, y compris dans les allées, pour limiter l’évaporation et garder l’humidité du sol !
• Les oyas : ils ont prouvé leur utilité pour diffuser l’eau dans le sol de manière optimale. Quelques conseils : leur efficacité dépend de la qualité de l’argile utilisée ; si vous décidez de les fabriquer vous-mêmes avec des pots, vous pouvez les affiner à la disqueuse au préalable. Attention à ne pas les placer dans un endroit où le sol est trop compact, et à bien les sortir du sol à l’arrivée de l’hiver !
• On peut aussi limiter les arrosages de certaines plantes que l’on a tendance à trop arroser, comme les tomates par exemple. Si le fruit arrête de grossir, cela ne l’empêche pas pour autant de mûrir !
• Si vraiment vous vous retrouvez dans le cas extrême où vous n’avez plus du tout d’eau, un choix stratégique peut être de "sacrifier" vos cultures d’été qui de toute façon donneront peu dans ce contexte, pour "sauver" vos cultures d’automne.
• Dans un contexte de printemps très sec, vous pouvez aussi renoncer à vos engrais verts de printemps qui vont utiliser de l’eau pour pas grand chose. Remplacez-les par du paillage et/ou du compostage de surface pour préparer votre sol. Les engrais verts seront semés à l’automne !
Créer de l’ombre :
• Il existe différentes techniques pour protéger vos semis / légumes des coups de soleil ! Installer des ombrières, des cannisses ou des cagettes, blanchir les serres au blanc de Meudon ou les recouvrir d’un voile d’ombrage. Voire carrément planter des plantes grimpantes dans les serres !
• Pour éviter les trop fortes chaleurs dans les serres, penser à bien les aérer ! Certaines serres ont même des bords relevables.
• Rapprocher les cultures des arbres pour profiter de leur ombre, mais attention aux racines !
• Attention à la plantation d’arbres : rappelez-vous qu’on sait créer de l’ombre mais on ne sait pas créer de soleil. En revanche, on sait cultiver les bonnes plantes à l’ombre.
• Enfin, pensez aux associations des cultures en jouant sur les différentes hauteurs : les pois-chiches font de l’ombre aux haricots, les cosmos apportent de l’ombre aux fraisiers... Soyez ingénieux !
Faut-il modifier son calendrier de cultures ?
• Certains experts ne modifient pas leurs dates de semis / mise en culture, car cela ne dépend pas uniquement de la température, mais aussi de l’état du sol ou d’autres contraintes du jardiniers qui elles, n’ont pas changé.
• D’autres prennent le risque de semer plus tôt, et d’avancer leurs cultures plus tard dans l’hiver. Parce que ça a quand même de plus en plus de chances de réussir. De manière générale, nous devront tirer avantage des hivers plus chauds et avec une plus grande durée d’ensoleillement pour cultiver plus en hiver (planter des navets en septembre, fenouil, fèves...). Voir le livre "Des légumes en hiver" d’Eliot Coleman.
• N’oubliez pas de bien échelonner vos semis / plantations, et pas uniquement pour les haricots ! Par exemple, il devient tout à fait possible de semer des courgettes en juillet / août pour allonger la période de récolte !
Bien choisir ses plantations :
• Il fait de plus en plus chaud en été et nos cultures en souffrent... mais d’autres peuvent aussi en profiter ! Pourquoi ne pas "prendre les paris" et tenter de planter de nouvelles choses ? Melons, pastèques, oliviers, kiwaïs (cousin du kiwi)... Ce qui ne poussait pas chez nous il y a quelques années poussera peut-être cet été ?
• Pour les fruitiers, choisir des variétés aux floraisons tardives pour les protéger des gelées ! De plus, les arbres c’est du long-terme : pourquoi ne pas choisir des espèces qui s’épanouiront à la chaleur dans quelques années ? Vous pouvez aussi vous renseigner sur les fruitiers qui demandent peu d’eau (amélanchier, amandier...)
• Attention aux ravageurs ! Cela ne sert à rien de choisir des plantes plus adaptées à un printemps chaud et sec si leurs ravageurs le sont aussi (ah ! les terribles altises du chou...)
Enfin, une dernière réflexion :
Les graines, le nerf de la guerre ! Grâce aux avancées de l’épigénétique, nous savons que les plantes s’adaptent aux conditions environnementales sur le long terme. La reproduction / sélection des graines est donc une piste intéressante pour créer des variétés plus résistantes à la sécheresse par exemple. Pour cela, il est important de bien choisir des graines reproductibles et de les récolter d’une année sur l’autre. C’est aussi un travail collectif qui doit être mené, pour la réappropriation des semences par les jardiniers et jardinières !
