LES JARDINS PARTAGÉS D'AUVERGNE-RHÔNE-ALPES
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Retours d’expérience : la gestion des ravageurs dans les jardins collectifs

Comment les jardins collectifs gèrent-ils les ravageurs ? Avec quelles approches ? Quels sont les conseils ? Voici les résultats de notre enquête auprès des jardins collectifs (partagés et familiaux) du Rhône !

Au total, nous avons reçu 16 réponses, dont 12 provenant de jardins partagés et 2 de jardins familiaux. La grande majorité de ces jardins se situe en milieu urbain.

A quels ravageurs ces jardins sont-ils les plus confrontés ?

1. En première place arrivent les limaces, présentes dans quasiment tous les jardins interrogés !
2. En seconde place les pucerons, qui sont très souvent présents mais font peu de dégâts.
3. Le mildiou et l’oïdium se disputent la troisième place, étant à la fois très présents et ayant un impact important sur les récoltes.

Mais d’autres ravageurs sont également cités : les fourmis, les altises du chou, les mouches mineuses du poireau, les vers de taupin, les piérides du chou, les araignées rouges, les acariens, les cochenilles et les rongeurs. Sans oublier les chats du voisinage !

Quelle(s) approche(s) de la gestion des ravageurs dans les jardins collectifs ?

Les approches sont multiples et varient en fonction des jardins et des types de ravageurs. Au sein d’un même jardin, on pourra donc trouver plusieurs approches.

Dans de nombreux cas, les ravageurs sont tolérés, ils ne posent pas de problèmes majeurs de récolte, on accepte de leur en laisser une partie car ils rendent souvent d’autres services par ailleurs ! Les ravageurs en trop grand nombre sont souvent le signe de cultures malades ou affaiblies, autant d’indices qui devraient nous encourager à reconstruire un équilibre naturel dans notre jardin, où les différentes espèces animales et végétales pourront s’entre-réguler. C’est d’ailleurs l’un des principes centraux de la permaculture : travailler avec la nature et non contre elle. Évidemment, tout cela reste plus facile à dire qu’à faire, en particulier dans un cadre urbain, lorsqu’on poursuit des objectifs sociaux, nourriciers, ou aux débuts d’un nouveau jardin.

Souvent, la méthode de culture est évoquée pour tenter de contenir ces ravageurs à titre préventif. On va réfléchir à la rotation, l’espacement des cultures, leurs associations, à l’accueil de la biodiversité...

Lorsque la prévention ne fonctionne pas, les jardiniers et jardinières tentent souvent de limiter les dégâts sur les cultures avec des méthodes naturelles (purins, filets, association de plantes…) sur lesquelles nous reviendrons plus loin.

Enfin, dans les cas où tout cela ne fonctionne pas et où les dégâts sont trop importants à la fois sur les récoltes et le moral des jardinier.e.s, le dernier recours est celui des produits vendus dans le commerce. 4 jardins (25%) sur les 16 ayant répondu utilisent ainsi du ferramol (traitement naturel anti-limaces à base de phosphate de fer visant à déshydrater les gastéropodes) ou de la bouillie bordelaise (fongicide à base de sulfate de cuivre et de chaux autorisé en agriculture biologique).

En ce qui concerne les méthodes naturelles visant à limiter l’apparition de ces ravageurs ou à en réduire l’impact sur les cultures, voici un résumé de ce que les jardins interrogés ont essayé, constaté et appris.

Les conseils des jardiniers et jardinières

  • Réguler les pucerons et les fourmis

1) De la biodiversité !
C’est bien connu, les coccinelles raffolent des pucerons. La plupart du temps, elles arrivent seules dans une parcelle qui en est infectée (en général, les fèves). Maximiser la biodiversité pour qu’elles y soient à leur aise peut servir à les attirer. Cependant, même en très grand nombre, les coccinelles ne suffisent pas toujours. Planter des capucines ou des achillées millefeuilles peut également les attirer ailleurs que sur vos cultures. Enfin, l’un des jardins laisse leurs poules manger les œufs des fourmis.

2) Les solutions à pulvériser sur les plantes
Les pulvérisations de solutions à base de savon noir sont bien connues des jardins. Les jardinier.e.s conseillent de rincer le lendemain, ou d’essayer une autre recette : macération d’ail, piment et savon noir ! L’eau vinaigrée semble aussi porter ses fruits.

3) La cendre
Un jardin répand de la cendre sur les fèves et les choux avec une petite passoire, un autre constate que cela fonctionne sur les choux mais pas sur les fèves.

4) Sur les fruitiers
Dans un jardin où les fruitiers étaient infestés de fourmis et de pucerons, c’est l’approche manuelle qui a été privilégiée (écrasage à la main sur les pommiers), et l’utilisation de scotch double-face : les premières se collent puis les celles qui suivent changent de chemin.

5) Sacrifier des plants
Eh oui ! Il peut être judicieux de laisser un individu de la culture touchée (un pied de fève, d’artichaut, etc) à la merci des pucerons. La colonie de pucerons et les fourmis qui les élèvent peuvent se cantonner à cette seule plante et laisser le reste tranquille.

6) Stopper les fourmis avant l’arrivée des pucerons
Quelques jardins choisissent d’agir en amont et de ne pas laisser les fourmis s’installer (binage du sol). Le marc de café a été essayé pour ses qualités répulsives, mais en général les jardinier.e.s n’ont pas trouvé cela très efficace.

7) Ne rien faire
Quelques jardins soulignent que les fourmis et les pucerons ne représentent pas un vrai danger pour le potager, et que les fourmis participent aussi à travailler le sol, ce qui évite bien du travail !

  • Réguler les limaces

1) Paillage fin et compostage de surface
De nombreux jardins utilisent la technique du paillage. Un jardin conseille un paillage fin dès la fin de l’été avec de la fougère aigle, qui empêche les limaces de s’installer. Un autre jardin dispose des ramures sèches de tuya autour des jeunes pousses de salade. On peut également ajouter du broyat, qui produit du mycélium, et du compostage de surface permettant à nos chères limaces de manger autres chose que nos légumes ! Comme elles raffolent des agrumes, disposez des peaux d’oranges et de citrons dans vos allées, vos salades ne les intéresseront plus (et en plus, ça sent bon) !

2) Les répulsifs naturels
Certains jardins recommandent de planter des œillets d’Inde ou des haricots pour faire fuir les limaces, d’autres constatent que cela ne semble pas les effrayer (elles mangeraient même les jeunes œillets…). De même pour les cendres, coquilles d’œufs ou marc de café, les jardinier.e.s ne trouvent pas cela très efficace.

3) La biodiversité
Les hérissons notamment sont connus pour être des prédateurs naturels des limaces, mais encore faut-il en avoir dans son jardin ! Planter des haies, laisser des abris naturels pour l’hiver peut aider à les attirer.

4) Protéger les jeunes pousses
Les limaces ne mangent que les plantes fragiles ou en fin de vie. L’un des jardins protège donc ses jeunes pousses encore fragiles avec des cloches (bouteilles en plastique de 5 L sans fond ).

6) Les retirer à la main
Dans certains cas, la seule méthode ayant porté ses fruits reste de les retirer à la main pour les emmener ailleurs (dans des cultures qu’elles ne mangent pas par exemple). Parfois de nuit (les limaces sortent la nuit), ou en installant des planches en bois sous lesquelles elles se cachent. Cette méthode est la plus plébiscitée, mais également la plus fastidieuse.

7) Semer davantage
Tout simplement. Lorsque les limaces reviennent et que rien n’y fait, certains jardins décident de semer plus afin de maintenir leur niveau de récolte.

  • Lutter contre le mildiou

1) Les solutions à pulvériser
Si l’un des jardins utilise de la bouillie bordelaise (tolérée en bio mais qui n’en reste pas moins toxique et polluante), d’autres préfèrent utiliser des recettes faites maison, à base de bicarbonate ou d’huile essentielle d’orange douce, ou même de lait. De nombreux jardins ont essayé le purin d’ortie, mais n’ont pas commenté son efficacité.

« Une vaporisation tous les 15 jours en période sèche, après chaque pluie en période de pluie , après le 15 juin. Je mélange 1 cuillère à café de bicarbonate dans un litre d’eau ou 100ml de lait par litre d’eau, sur et sous les feuilles des légumes sensibles. Il est aussi possible d’écraser une gousse d’ail dans l’eau (dans une pochette en tissus pour ne pas boucher le vapo, ou de remplacer l’eau par une décoction de prêle. »

2) Faire attention à l’arrosage
Pour éviter le mildiou, arroser au pied des plantes sans mouiller les feuilles est un geste préventif important. Un jardin conseille d’arroser le matin, car le mildiou met 8 heure à se développer.

3) Adapter son plan de culture
Pour éviter le mildiou, le plus efficace semble être de penser ses cultures de manière à espacer les plants souvent sujets au mildiou afin de limiter sa propagation, de favoriser la rotation des cultures (éviter de planter les tomates au même endroit deux années de suite par exemple), et la diversité des variétés.

  • Lutter contre l’oïdium

1) Les solutions à pulvériser
Ce sont les mêmes que pour le mildiou ! Un jardin pulvérise également du soufre, dès l’apparition de l’oïdium, voire en préventif.

2) Faire attention à l’arrosage et à l’ensoleillement
De même que pour le mildiou, évitez d’arroser les feuilles. On peut aussi jouer sur l’ensoleillement et déplacer les plants sujets à l’oïdium sur une parcelle plus exposée.

3) Adapter son plan de culture
Comme pour le mildiou, le mot d’ordre reste espacement, rotation des cultures et diversité des variétés !

  • Et les autres ravageurs ?

Voici quelques uns des autres précieux conseils que les jardinier.e.s ont bien voulu nous confier :

- Contre l’altise du chou, installer un voile de forçage ou un filet, tenir le sol humide par un mulching épais d’herbes diverses et de BRF. A défaut, une aspersion régulière de purin de tanaisie et rhubarbe se révèle très efficace.

- Contre la mouche mineuse du poireau, installer un voile de forçage ou un filet à moustiquaire se révèle efficace

« Nous avons fait un système de moustiquaire avec des planches de bois que nous déplaçons au besoin. »

- Contre les vers de taupin, capturer et détruire la larve en creusant au transplantoir sous les plantes qui s’étiolent, voire carrément repérer les endroits infestés et ne pas y remettre de laitues.

- Contre la piéride du chou, le purin de rhubarbe est votre meilleur allié, mais pensez aussi au voile de forçage.

- Le savon noir mélangé à de l’huile végétale et de l’alcool est assez efficace contre les pucerons, araignées rouge, cochenilles et autres acariens.

- Si vous avez des rongeurs mais pas de chat, essayez les bouchons d’engrais au ricin.

- Si vous avez des chats mais pas de rongeurs, vous pouvez protéger vos jeunes semis avec du grillage à poules, le temps qu’ils s’installent !

Merci aux jardins qui ont pris le temps de répondre à notre appel, et n’hésitez pas à nous écrire si vous voulez ajouter votre témoignage et partager vos bons conseils !

Et n’oubliez pas, plus votre jardin sera divers en végétaux et plus sa faune sera diverse et pourra créer une chaîne alimentaire équilibrée !


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